Carrefours de l'éducation n° 35 (1/2013)
Numéro épuisé
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Contrairement à une idée assez répandue, l’existence d’un pensionnat associé aux collèges d’humanités, et donc la présence de maîtres d’études ou de surveillants au sein de ces établissements, sont loin d’être systématiques sous l’Ancien Régime. Même si on peut la repérer dès le XVIe siècle, cette configuration ne commence à se généraliser qu’à la fin du XVIIe siècle. Les hommes chargés des pensionnaires en dehors du temps de la classe sont connus sous différentes dénominations au cours de la période moderne, suivant le type de collège dans lequel ils oeuvrent : « préfets de chambre », « préfets de pension », etc. Mais sous ces diverses appellations se cache toujours le même personnage, qui se caractérise par deux traits : il n’est pas professeur ou régent en titre et, d’autre part, il a invariablement en charge les deux tâches pourtant de nature différente d’encadrement pédagogique pendant les études et de surveillance disciplinaire des élèves au cours de la journée. Cet article revient sur les raisons et les modalités de l’association de ces deux tâches. Autre question centrale : cette fonction constitue-t-elle une forme de préparation à l’exercice futur de l’enseignement, palliant en quelque sorte par une pratique pédagogique de second rang (les études) l’absence de formation professionnelle des professeurs ?
Contrary to belief, the presence of boarding facilities, and thus of supervisors or study masters, attached to an Ancien Régime “collège d’humanités” (grammar schools teaching the classics), is far from systematic. Even if cases can be identified as early as in the 16th century, the practice only becomes general towards the end of the 17th century. The men in charge of the boarders when out of the classroom go by different names all along the modern period, according to the type of school they are attached to: “préfet de chambre” – dormitory prefect, “préfet de pension” – “board prefect”, etc. But beneath these names there is always the same character, defined by two permanent traits: on the one hand he never has the title of professor or of regent, but, on the other hand, he is invariably in charge of two tasks which are nonetheless of a different nature: the organisation of pedagogical activities during study time and disciplinary supervision during the day. This paper will study the reasons for and the modalities of the combination of these tasks. It will also turn to another central question: does this practice constitute a sort of preparation for a future teaching profession, compensating in a way for the absence of professional teacher training for professors through the exercise of pedagogical skills in a minor key (at study time) ?