Annales de Géographie n° 698 (4/2014)
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Au sein des forêts françaises, il en est une qui se détache tant par son étendue et son histoire que par sa forte propension à être considérée comme « ordinaire » : les Landes de Gascogne. Conçue pour produire, emblème s’il en est un de la vocation productive de l’espace forestier, la forêt landaise est souvent et précisément dénoncée pour cette orientation exclusive. Le caractère intensif de son exploitation et son importante superficie sont généralement avancés pour en critiquer son uniformité paysagère et sa faible richesse floristique et faunistique. Ces remarques reflètent son apparente incapacité à être porteuse de valeurs autres qu’économiques. Derrière le stéréotype, nous allons chercher à appréhender le regard que portent les professionnels (privés et publics) sur leur objet de travail, et pour beaucoup, de vie. À travers l’analyse d’entretiens semi-directifs, nous allons tenter de décrypter le rapport tissé entre cette catégorie professionnelle et son objet par et au-delà de l’« uniforme ». Cet article vise ainsi à appréhender les valeurs que ces personnes affectent à cette forêt landaise et montrera comment une forêt artificielle de production peut devenir, pour ses gestionnaires, un objet patrimonial où valeurs naturelles et culturelles s’enchevêtrent.
Among the French forests, the Landes forest stands out rather owing to its surface area, history and the strong tendency to consider it as "unremarkable". Dedicated to production, the Landes de Gascogne became a symbol of the productive vocation of forest spaces. Consequently the forest was often criticised for that very reason : its exclusive end-use. Its extensive surface area combined with its intensive exploitation are indeed often the subject of heavy criticism pointing at the consequent poverty in terms of flora and fauna. Those remarks can even be used to question its designation as a forest and to highlight its apparent inability to hold any value other than its economic content. However, behind prejudices often displayed by external stakeholders, professional operators (public and private) show a different point of view on what is the core of their daily work and sometimes of their Life. Through the analysis of semi-directive interviews, the Authors seek to understand the relationship forged between this professional category and its object through and beyond the "uniform". The objective of this article is to understand which values are given by those persons to their forest and to demonstrate how an artificial production-oriented forest can become a heritage shared between nature and culture, for those who work with it.