Annales de géographie - N° 731 (1/2020)
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Au Chili comme ailleurs, les luttes menées pour la justice spatiale et le droit à la ville s’étendent bien souvent au-delà du coeur des villes et fleurissent en particulier dans les zones périurbaines ou d’étalement urbain. Nous étudions le cas de Til Til, « zone de sacrifice » située dans la périphérie de la région métropolitaine de Santiago, où se sont développées un grand nombre d’activités polluantes, et où les habitants se mobilisent depuis une dizaine d’années pour manifester leur opposition à ce processus. L’analyse des termes constitutifs et de la généalogie du Plan stratégique pour le développement de Til Til 2015-2018, mis en place par le gouvernement régional dans le but de répondre à la situation de conflit sur ce territoire, ainsi que des entretiens semi-directifs réalisés auprès des principales parties prenantes du sujet, nous permettent d’étudier le processus d’apparition d’une nouvelle prise de parole des acteurs, à travers la structuration de leur discours critique autour du droit à vivre dans un environnement sain et de leurs actions pour participer aux décisions concernant l’avenir de leur territoire. Dans un premier temps nous présentons le cas de Til Til et les conflits provoqués par l’installation controversée d’infrastructures polluantes dans la commune. Nous analysons ensuite le plan Til Til, sa méthode et ses résultats contestés, avant de montrer comment la mise en place de cet outil, qui a servi la stratégie de légitimation de l’action publique, s’est révélée inadaptée à la gestion du conflit socio-environnemental et a au contraire participé au renforcement de la résistance des populations locales, réinterrogeant ainsi les conditions d’émergence d’un droit à la ville dans le contexte néolibéral chilien.
In Chile, like in many other places, the grassroots struggles for spatial justice and the right to the city often extend beyond the heart of cities and especially rise up in suburbs or peri-urban areas. The Authors study the Til Til case, a “sacrifice zone” located in the periphery of Santiago (Metropolitan Region), where a large amount of polluting activities have been developed. For a decade, the residents have been mobilizing to show their opposition to this process. By studying the constituent terms and the genealogy of the 2015-2018 Strategic Plan for Til Til Development, set up by the Regional Governement to respond to the conflict situation, and the semi-directive interviews conducted with the main stakeholders of the project, they study how the local community progressively finds its voice by structuring its critical discourse about their right to live in a safe environment, and their to participate to in the decision-making processes concerning their territory’s future. The paper first introduces the case of Til Til and the conflicts generated by the disputed installation of polluting infrastructures in that municipal area. It then analyses the Til Til Plan, its method and contested outputs, before highlighting how the implementation of this instrument, which served the public action’s legitimation strategy, has proved to be inadequate for managing the socio-environmental conflict, yet rather contributed to reinforce the residents’resistance , which calls for a rethink as to the conditions that favour the emergence of the right to the city in the context of neoliberal Chile.