
ANNALES DE GÉOGRAPHIE N° 762-763 (2-3/2025)
Pour acheter ce numéro, contactez-nous
Recevez les numéros de l'année en cours et accédez à l'intégralité des articles en ligne.
Dans cet article, le lien entre les aires marines protégées (AMP) et le « carbone bleu » est mis en évidence, et par extension le lien entre les AMP et les documents nationaux relatifs aux accords de Paris sur le climat (les contributions déterminées au niveau national – ou CDN). En effet, les AMP contiennent de vastes superficies d’habitats côtiers et marins susceptibles de séquestrer de grandes quantités de carbone atmosphérique. Ces habitats – mangroves, herbiers marins, marais salés, macro-algues – ne sont cependant que peu mentionnés dans les stratégies nationales d’atténuation des effets du changement climatique, et notamment dans les CDN. Pour évaluer la contribution des AMP pour la séquestration de carbone, une estimation du taux annuel de séquestration de CO2 au sein des AMP de six pays côtiers d’Afrique de l’Ouest a été réalisée puis comparée aux émissions annuelles de CO2 de ces pays ainsi qu’aux objectifs de réduction des gaz à effet de serre contenus dans leurs CDN. Il apparaît que les AMP d’Afrique de l’Ouest, malgré leur faible surface cumulée, jouent un rôle important dans la séquestration des émissions nationales de CO2 (entre 4 % et plus de 100 % des émissions annuelles selon les pays) et contribuent efficacement aux objectifs des CDN (entre 2 et 19 % des objectifs d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre). Dès lors, la mise en place d’AMP en Afrique de l’Ouest pourrait être promue, si ces dernières étaient plus étroitement intégrées dans les politiques nationales et internationales de lutte contre le changement climatique. Par ailleurs, leur superficie cumulée devrait augmenter considérablement dans le futur, dans le but d’atteindre les engagements internationaux (Objectifs de Développement Durable, cibles d’Aichi, nouveau cadre mondial pour la biodiversité...).
This article analyzes the link between Marine Protected Areas (MPAs) and « Blue Carbon » ecosystems, as well as the connection between MPAs and national documents pertaining to the Paris Climate Agreements (specifically, the Nationally Determined Contributions – NDCs). MPAs contain extensive coastal and marine habitats that have the potential to sequester large quantities of atmospheric carbon. These habitats – including mangroves, seagrass beds, salt marshes, and macroalgae – are, however, often underrepresented in national climate change mitigation strategies and particularly in NDCs. To evaluate the role of MPAs in carbon sequestration, we estimated the annual CO2 sequestration rates by Blue Carbon habitats within MPAs in six West African coastal countries. These estimates were then compared to the annual CO2 emissions of these countries and to the greenhouse gas reduction targets specified in their NDCs. Our findings indicate that West African MPAs, despite their relatively small cumulative surface area, play a significant role in sequestering national CO2 emissions (ranging from 4 % to over 100 % of annual emissions depending on the country) and contribute effectively to the NDC targets (between 2 % and 19 % of the greenhouse gas emission reduction targets). Thus, promoting the establishment/strengthening ofMPAs inWest Africa could be beneficial if they are more closely integrated into national and international climate change mitigation policies. Additionally, their cumulative surface area should be substantially increased in the future to meet international commitments, such as the Sustainable Development Goals, former Aichi targets, and new Kunming-Montréal Global Biodiversity Framework.