
ANNALES DE GÉOGRAPHIE N° 762-763 (2-3/2025)
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Cet article s’intéresse aux pratiques de cueillette des plantes en ville et interroge leur rôle dans l’appropriation des espaces urbains végétalisés. Il s’appuie sur une enquête menée entre 2019 et 2021 dans une dizaine de sites localisés dans l’agglomération parisienne. Il repose sur des méthodes qualitatives ethnographiques, valorisées par un travail photographique mené avec un artiste. Nous montrons comment les pratiques des cueilleurs et des cueilleuses façonnent des territorialités singulières au travers d’un arpentage des espaces urbains motivé par la quête de plantes et leur usage alimentaire et médicinal. Cette géographie donne à voir des formes d’appropriation territoriale originales, caractérisées par des savoirs, des usages et des représentations focalisées sur les relations au végétal. Ces pratiques redéfinissent le rôle des espaces végétalisés en contexte métropolitain et façonnent des territorialités archipélagiques mouvantes, à la fois discrètes et subversives. Elles intègrent les dynamiques écologiques et urbaines, s’affranchissent partiellement des modalités d’urbanisme et d’aménagement dominantes tout en composant avec elles. Les acteurs de la cueillette dessinent des territorialités néanmoins multiples, qui rendent compte des inégales appropriations des espaces en fonction des situations socio-économiques et des trajectoires migratoires des personnes.
This article looks at plant foraging practices in the city and examines their role in the appropriation of urban green spaces. It is based on a survey carried out between 2019 and 2021 at a dozen sites in the Greater Paris area. It relies on qualitative ethnographic methods, enhanced by photographic work carried out with an artist. We show how gatherers’ practices shape singular territorialities through a survey of urban spaces in order to seek out plants and their nutritional and medicinal uses. This geography reveals original forms of territorial appropriation, characterized by knowledge, uses and representations focused on relationships with plants. These practices redefine the role of vegetated spaces in a metropolitan context, shaping shifting archipelagic territorialities that are both discreet and subversive. They integrate ecological and urban dynamics, partially freeing themselves from the dominant urban planning and development practices, while at the same time co-existing with them. They are spatially and socially distinct, and reflect the unequal appropriation of space as a function of people’s socio-economic situations and migratory trajectories.

