Cet article analyse les trajectoires de plusieurs communes de la métropole parisienne dans la mise en oeuvre de leur système vélo. Cette étude retrace, sur le temps long, la reconnaissance institutionnelle des mobilités actives en tant qu’enjeu de mobilité quotidienne, ainsi que la mise en oeuvre d’actions portées par des acteurs politiques, institutionnels et associatifs. Entre la programmation progressive des politiques publiques et des accélérations soudaines impulsées par des contextes de crises, à l’image des coronapistes déployées lors du premier déconfinement lié à la pandémie de Covid-19, comment se positionnent les municipalités franciliennes étudiées et quels sont leurs principaux facteurs de différenciation ? L’analyse s’appuie sur les matériaux du groupe de travail « Vélo et santé » du programme « Du monde d’avant au monde d’après » (MAMA 2021-2024 - CNRS), comprenant 26 entretiens semi-directifs et 23 monographies communales. Les résultats mettent en avant une montée en puissance récente du vélo comme mode de déplacement s’inscrivant cependant dans un continuum de politiques publiques pro-vélo. En effet, si les périodes de déconfinement ont accéléré certaines dynamiques, elles ne constituent pas pour autant une rupture totale avec les cadres d’action antérieurs. La notion de « dépendance au sentier » met ici en lumière les résistances institutionnelles au changement, révélant l’influence persistante des choix passés sur les orientations politiques actuelles.