ANNALES DE GÉOGRAPHIE - N°755 (1/2024)
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Cet article s’intéresse au risque et à sa gestion dans l’usage de Grindr, principale application de rencontres destinées aux hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH). Si cette application se décrit comme un safe space, s’inscrivant par-là dans la filiation des lieux communautaires LGBT, les enquêtés interrogés la décrivent plutôt comme un espace d’incertitude, du fait de la facilité avec laquelle n’importe qui peut y accéder et s’y créer un profil. Ces incertitudes imprègnent le passage du virtuel au réel, et donnent lieu à de multiples stratégies visant à réduire les risques de tomber sur un individu mal intentionné. Cela joue à la fois sur le choix des lieux servant de cadre aux rencontres, mais aussi sur la manière dont ces lieux sont investis, qu’il s’agisse des espaces domestiques, cadre privilégié des rencontres sexuelles, ou des espaces publics et commerciaux. Ces stratégies apparaissent également à l’échelle urbaine, sous la forme de dynamiques d’évitement, dont les ressorts sociaux révèlent des représentations spatialisées et racialisées du risque homophobe.
This article explores risk and risk management in the use of Grindr, the main dating application for men who have sex with men (MSM). While the application describes itself as a safe space, in line with LGBT community spaces, the respondents interviewed described it more as a space of uncertainty, because of the ease with which anyone can access it and create a profile. These uncertainties permeate the transition from the virtual to the real, and give rise to multiple strategies aimed at reducing the risks of running into a malicious individual. This affects both the choice of venues for encounters, and the way in which these venues are used, whether in the home—the preferred setting for sexual encounters—or in public and commercial spaces. These strategies also appear on an urban scale, in the form of avoidance dynamics, whose social mechanisms reveal spatialised and racialised representations of homophobic risk.