Annales historiques de la Révolution française n° 352 (2/2008)
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Depuis les travaux pionniers d’E. P. Thompson sur les représentations à l’oeuvre dans les troubles de subsistances, la notion d’économie morale a connu une fortune telle que les historiens l’ont progressivement mobilisée très largement hors du contexte et de la signification précise qui lui étaient primitivement associés, avant comme après la Révolution. Le présent article s’efforce de faire surgir les apories ou les risques de dilution de la notion, auxquels conduit un usage extensif de celle-ci, prenant en charge de façon indifférenciée acteurs, temps et espaces. Centrant la démonstration sur « la taxe », instrument de contrôle des prix dont l’usage fut constamment maintenu au cours de l’époque moderne et qui survécut durablement à la Révolution, il s’efforce de mettre en évidence les métamorphoses d’une pratique et des sens dont elle est investie. Au terme d’un parcours qui conduit de l’Ancien Régime à la veille de la Première Guerre mondiale, il plaide pour un usage plus nettement circonscrit de la notion, tant historiquement que socialement.
Since the pioneering work of E.P. Thompson on the representation of provisionning problems, the notion of moral economy has acquired a wider signifi cance than originally intended. This article underscores the contradictions and risks of the impoverishment of this notion by its different uses and widening application. It shows the change in meaning and practice of this notion by focusing on the « tax » as an instrument of controlling prices whose use was constantly maintained during the modern period and surviving well into the Revolution and beyond. The authors of this article argue in favor of a more restrictive meaning , at once historical and social, from having studied this notion from the Old Regime to the eve of the First World War.