Annales historiques de la Révolution française n° 357 (3/2009)
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Le Père Duchesne d’Hébert est un journal peu enclin à la modération, si l’on se fi e à la réputation de son auteur dans l’historiographie. Pourtant, il va de soi que cette feuille n’a pas le même contenu politique en 1790 et en l’an II, qu’Hébert n’a pas toujours affi ché des idées « exagérées » et que, comme d’autres, il témoigne donc d’un processus de radicalisation politique à l’oeuvre dès les premiers temps de la Révolution. Dans son journal, Hébert aime à employer des formes inspirées du théâtre, aussi nombre de ses numéros constituent-ils de petites pièces, en une ou plusieurs parties, dans lesquelles il met en scène son héros et d’autres personnages. Parmi celles-ci, à plusieurs reprises, il relate des visites rendues par le Père Duchesne au roi et/ou à la reine, à leur invitation ou non. Or, ces visites royales successives offrent un bon aperçu des évolutions politiques d’Hébert, son populaire marchand de fourneaux délaissant peu à peu, mais non sans hésitations, les « bons avis » donnés au couple royal pour des critiques de plus en plus acerbes, et à terme assassines.
Hebert's Le Père Duchesne was a newspaper little disposed to moderation, if judged by the reputation of its author in the historiography. But it must be remembered that this newspaper did not contain the same political content in 1790 as in the Year II, that Herbert himself did not always expound “exaggerated” ideas, and that, like others, his career attests to a process of political radicalization from the very beginning of the Revolution. In his newspaper, Hebert delighted in using literary forms inspired by the theater ; thus numerous issues were essentially short plays, in one or several parts, in which he introduces heroes and other personages. Among these, he recounts on more than one occasion the visits, invited or not, of the Pere Duchesne to the King or the Queen. These successive royal visits offer a good insight into the political development of Hebert, his popular “marchand de fourneaux” (oven merchant), replacing little by little – and not without reservations – his “bons avis” or good advice imparted to the royal couple in favor of more and more acerbic and ultimately murderous criticism.