
ANNALES HISTORIQUES DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE Nº 420 (2/2025)
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Les levées militaires de février et mars 1793 contribuent de manière décisive à la naissance du mythe du soldat de l’an II, incarnation d’une masculinité militaire régénérée. À cette figure révolutionnaire idéalisée s’oppose celle du « muscadin », incarnation d’une jeunesse réputée « dégénérée », « dévirilisée » et contrerévolutionnaire qui cherche à échapper au service militaire. À partir de l’automne 1794, ces jeunes réfractaires forment des groupes armés dans Paris qui se rallient à certains codes de l’Ancien Régime tout en se livrant à une petite guerre de rue contre les « terroristes » puis, durant l’été 1797, contre les militaires néo-jacobins. Confronter les représentations littéraires, iconographiques et historiographiques de cette jeunesse réactionnaire aux sources policières, qui témoignent de son agitation violente au quotidien dans la rue, permet de montrer que le « muscadin » incarne une masculinité d’inspiration aristocratique dont la culture de l’armement et de l’autodéfense témoigne non de la « dégénérescence », mais de la subversion de la martialité révolutionnaire.
The military levies of February and March 1793 contributed decisively to the birth of the myth of the soldier of the year II, the embodiment of a regenerated military masculinity. This idealized revolutionary figure can be contrasted with that of the “muscadin”, the personification of a youth deemed “degenerate”, “de-masculinized” and counter-revolutionary, who sought to escape military service. Beginning in the Fall of 1794, these young draft dodgers formed armed groups in Paris that embraced codes of the Old Regime, while engaging in a small street war against the “terrorists,” and then, during the summer of 1797, against the neo-Jacobin military. The comparison of the literary, iconographic and historiographic representations of this reactionary youth with police sources, which document their violent daily agitation in the street, illustrates that the “muscadin” embodied an aristocratically inspired masculinity, whose culture of weaponry and self-defense attested not to “degeneration”, but to the subversion of revolutionary martiality.