Annales historiques de la Révolution française Nº401 (3/2020)
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L’incorporation de Rome au sein de l’empire napoléonien ne s’effectue nullement en un terrain vierge au préalable de présence française. Au contraire, les fonctions d’une ville telle que Rome y attiraient les voyageurs et avaient fixé, par couches sans cesse renouvelées, des marchands, des artistes et des prélats, jouissant même de formes de reconnaissance institutionnelle. Avec l’occupation napoléonienne, non seulement cette présence change d’échelle et de nature, puisque la Rome des Français, artistique, ecclésiastique et diplomatique, s’efface avec l’arrivée massive des militaires et des fonctionnaires, mais c’est aussi le rapport des Français à la ville et à ses habitants qui s’infléchit, et même leur identité collective qui se redéfinit. Bardés de certitudes et cultivant volontiers l’entre soi, ces agents arrivent pourtant à Rome avec l’envie d’en goûter la supposée Dolce Vita et avec la mission d’en rallier les élites. De là, les contradictions sensibles au niveau des individus et les tensions qui les opposent entre eux. Les prétentions et les préoccupations de ce groupe n’en annoncent pas moins les communautés d’expatriés de la période ultérieure.
The incorporation of Rome into the Napoleonic Empire was preceded by a French presence in this city. The appeal of Rome had already attracted travellers : merchants, artists and prelates had established themselves there in ever-changing layers, even enjoying ameasure of institutional recognition.With the Napoleonic occupation, this presence changed in scale and nature. Not only did the Rome of the French - artistically, ecclesiastically and diplomatically -fadewith themassive arrival of themilitary personnel and civil servants, but the French relationship with the city and its inhabitants also changed, and with this, their collective identity was redefined. Imbued with unshakable convictions and inclined to remain among themselves, these new arrivals came to Rome with the desire to savor the much reputed “dolce vita”, and with a mission of rallying the elites. From these conditions arose palpable contradictions and tensions among individuals. The pretentions and preoccupations of this group indeed prefigured expatriate communities of the later period.