Annales historiques de la Révolution française Nº402 (4/2020)
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En 1789, Condorcet a été l’auteur de deux déclarations des droits. Dans la première, comme dans tous ses écrits politiques antérieurs à la Révolution, il reprend toutes les mesures du programme physiocratique tel qu’il avait été exposé dans les années 1760 : liberté illimitée du commerce et primauté de la propriété (foncière) parmi les droits naturels de l’homme. Toute son argumentation se base sur les justifications des auteurs de la physiocratie, pour imposer le droit exclusif de propriété. Dans la seconde, toute l’argumentation physiocratique est absente quoique la plupart des revendications physiocratiques subsistent. Inspiré du Mémoire sur les municipalités, il préconise le droit de cité pour les propriétaires exclusivement dans la première déclaration, mais pas dans la seconde. Condorcet s’est-il alors rallié au suffrage universel dès cette date, comme Léon Cahen en était convaincu ? Pour autant, peut-on dire que cela était aussi un abandon des thèses physiocratiques ?
In 1789, Condorcet was the author of two declarations of rights. In the first, as in all his political writings before the Revolution, he took up the measures of the physiocratic program as these had been laid out in the 1760s : unlimited freedom of trade and the primacy of (land) ownership included among the natural rights of man. His entire argumentation is based on the physiocrat’s justification for imposing the exclusive right of ownership. In the second declaration, the physiocratic argumentation is absent, even if most of the physiocratic claims remain. Inspired by the Memoire on Municipalities, he advocated the right of citizenship for owners exclusively in the first declaration, and not in the second. Did Condorcet, then, embrace universal suffrage from that date onwards, as Léon Cahen suggested ? And is it possible that this also represents an abandonment of the physiocratic theses ?