Annales historiques de la Révolution française Nº411 (1/2023)
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Cet article cherche à savoir pourquoi Meta Forkel, connue pour son style de vie non conventionnel et ses engagements radicaux, a choisi de traduire ce qui semble être un livre de conduite conservateur, les Thoughts in the Form of Maxims, Addressed to Young Ladies, On Their First Establishment in the World de la comtesse de Carlisle (1789). Un indice est fourni par l’appréciation des Maxims par Mary Wollstonecraft, qui souligne la nécessité d’une compréhension de ce que faisaient Forkel et Carlisle qui aille au-delà de l’apposition d’étiquettes. Ce qui suit est une exploration des possibilités que le genre de la littérature de conseil et l’activité de traduction offraient, en particulier aux écrivaines. Je soutiens que les Maxims avaient un potentiel émancipateur dans le contexte de l’époque et que Forkel a utilisé avec succès sa traduction de 1791 de l’oeuvre de Carlisle comme un moyen de participer au discours des Lumières sur le genre, souvent dominé par les hommes, en ajoutant son propre Essai sur la délicatesse féminine. Cette analyse démontre que l’exploration détaillée de la dynamique et des processus des transferts interculturels mérite d’être approfondie, non seulement en raison du rôle important joué par les femmes en tant que médiatrices, mais aussi en raison des possibilités qu’elles ont créées de manière si imaginative dans ce processus. Elle permet également de sonder ce que le féminisme, ou en tout cas les luttes des femmes pour l’émancipation, pouvait signifier ou ressembler à l’ère de la Révolution.
This article investigateswhyMeta Forkel, known for her unconventional lifestyle and radical commitments, chose to translate what appears to be a conservative conduct book, the Countess of Carlisle’s 1789 Thoughts in the Form of Maxims, Addressed to Young Ladies, On Their First Establishment in the World. A clue is provided by Mary Wollstonecraft’s appreciation of Maxims, which underlines the need for an understanding of what Forkel and Carlisle were doing that goes beyond the affixing of labels. What follows is an exploration of the possibilities which the genre of advice literature and the activity of translation offered, especially to women writers. I argue that Maxims held emancipatory potential in the context of its time and that Forkel successfully used her 1791 translation of Carlisle’s work as a vehicle to participate in the often male-dominated Enlightenment discourse on gender by adding her own « Essay on Female Delicacy ». This analysis demonstrates that detailed exploration of the dynamics and processes of cross-cultural transfers is worthwhile not just on account of the important role women played as mediators, but also because of the possibilities they so creatively carved out in the process. It also probes what feminism, or in any case women’s struggles for emancipation, could mean or look like in the age of revolution.