ANNALES HISTORIQUES DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE Nº415 (1/2024)
Pour acheter ce numéro, contactez-nous
Recevez les numéros de l'année en cours et accédez à l'intégralité des articles en ligne.
Considérer les premières années de la Révolution franc¸aise comme un « apprentissage de la démocratie » revient à sous-estimer la complexité de l’approche de l’Assemblée constituante en matière de participation électorale. Cet article utilise un cadre analytique autour des pratiques et des discours de la « confiance », dans un contexte de réponses hautement émotionnelles à des menaces persistantes, réelles ou imaginaires, pour observer comment les députés ont construit leur vision de l’électorat, de ses responsabilités et de ses dangers. Il apparaît que les peurs concernant les processus électoraux étaient au coeur des débats aussi bien en 1789 qu’en 1791 et que la sphère d’autonomie accordée aux électeurs et aux élus était si étroite qu’elle ne pouvait que mener inévitablement à de nouveaux conflits.
Viewing the early years of the French Revolution as an apprenticeship in democracy underestimates the complexity of the Constituent Assembly’s approach to electoral participation. This article uses an analytical frame around practices and languages of “trust”, in a context of highly-emotional responses to persistent real and imagined threats, to explore how deputies constructed their vision of an electorate, its responsibilities, and its dangers. It shows that fears over the corruption of electoral processes were at the core of debates in both 1789 and 1791, and that the sphere of autonomy allowed to electors and the elected, at all levels below the national legislature, was so narrow as to inevitably lead to further conflicts.