ANNALES HISTORIQUES DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE Nº417 (3/2024)
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Dès son annexion à la France en 1795, le département de l’Ourthe – composé principalement des anciens territoires des principautés de Liège et de Stavelot-Malmedy – devient un des centres de production des armes devant fournir les armées de la République, puis de l’Empire. L’industrie armurière liégeoise, jusqu’alors reconnue dans l’Europe entière tout au long de l’Ancien Régime, pâtit cependant du contexte politique et militaire des guerres révolutionnaires et napoléoniennes. L’ingérence de l’État franc¸ais dans l’industrie des armes s’avère défavorable pour les Liégeois sur le plan commercial et économique. L’implantation de manufactures nationales bride la libre concurrence dont avaient bénéficié les marchands-fabricants et entrepreneurs liégeois jusqu’à l’annexion. La production est orientée majoritairement vers l’armement de guerre tandis que les armes civiles ne peuvent plus être écoulées sur les marchés étrangers. Appuyé par une militarisation jusqu’alors inconnue dans l’industrie liégeoise, le cadre de travail des ouvriers se transforme peu à peu sous les contraintes d’un État toujours plus vorace en main-d’oeuvre qualifiée et soucieux d’en contrôler les mobilités.
From the moment of its annexation to France in 1795, the département of Ourthe – composed chiefly of the former territories of the principalities of Liège and Stavelot-Malmedy – became one of the centers of arms production for supplying the armies of the Republic, then the Empire. Liège’s arms industry, renowned throughout Europe under the Ancien Régime, suffered from the political and military context of the Revolutionary and Napoleonic wars. The French State’s interference in the arms industry proved unfavorable for the people of Liège, commercially and economically. The establishment of national factories curbed the free competition from which Liege’s merchantmanufacturers and entrepreneurs had benefited until the annexation. Production was mainly oriented towards weapons of war, while civilian arms could no longer be sold in foreign markets. Supported by a militarization previously unknown in Liège’s industry, the working environment was gradually transformed under the constraints of a State increasingly avid for skilled labor and eager to control its mobility.