Histoire, économie & société (2/2008)
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Cet article propose d’historiciser le concept de « peur du gendarme » et d’examiner les perceptions de l’uniforme dans la France rurale du XIX e siècle. En croisant l’analyse des pratiques, des discours professionnels et des représentations, on observe une série de mutations de moyenne durée – banalisation du gendarme, transformations de la culture professionnelle, nouveau rapport à la loi – qui convergent entre 1830 et 1860 et qui transforment la peur instinctive en appréhension raisonnée. À l’aube du XX e siècle, le bicorne rassure et ne sème plus l’effroi que dans les catégories les moins établies de la population rurale. La « peur du gendarme » survit comme figure rhétorique.
This paper attempts to examine the concept of « peur du gendarme » and, most generally, the perceptions of the gendarmerie in nineteenth century rural France. By crossing the analysis of the practices, of the professional speeches and of the representations, one can observe transformations in the professional culture and in the relations between gendarmerie and rural society. Especially during the second third of the century, these massive changes transform the instinctive traditional fear into reasoned apprehension. At the beginning of 20 th century, the gendarme scares only least established people. The “peur du gendarme” becomes more a rhetorical figure than a social reality.