Histoire, Économie & Société (3/2019)
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Depuis le XIXe siècle, la tradition historiographique désigne les années 1640 comme une période de crise de la monarchie espagnole : le moment décisif d’une décadence devenue irrémédiable alors que son empire commence à se disloquer. Ce processus a été interprété comme le résultat de l’échec de la centralisation étatique (caractérisé au contraire par sa réussite en France). Les révolutions au Mexique, en Catalogne, au Portugal, en Sicile et à Naples ont été analysées comme des mouvements périphériques de résistance contre la centralisation promue par le comte-duc d’Olivares. En réalité, la crise a été provoquée par les insuffisances du système vice-royal et par une décentralisation excessive. Elle n’a pas constitué une réaction contre une intervention croissante de Madrid à Mexico, Barcelone, Lisbonne, Palerme et Naples, mais elle s’explique, tout au contraire, par un renoncement. La politique du comte-duc tendait à envisager la Monarchie comme une confédération, mais au sein de cet ensemble les liens étaient si faibles que son projet de vice-royautés, au sens strict du terme, avec une faible tutelle de Madrid, a favorisé l’indépendance du Portugal ainsi que les soulèvements d’autres territoires dans lesquels les sujets revendiquaient la présence du roi et rejetaient celle des mauvais gouvernants qui le représentaient.
Following a well-established tradition from the nineteenth century onwards, historians of the Spanish Monarchy have considered the 1640s as the major turning point in a long phase of an irremediable decline. The decisive decade would have then precipitated the dismantling of the Spanish Empire. Such a phenomenon was attributed to the failure of State centralization, in stark contrast to what happened in France. The provincial revolutions of Mexico, Catalonia, Portugal, Sicily and Naples has been interpreted as a peripheral resistance movement to the centralization promoted by the Count-Duke of Olivares. An opposite argument is now being made as it turns out that the crisis was actually caused by the inadequacies of the vice-regal system and an excessive decentralization. Far from being a reaction against a greater intrusion of Madrid in Mexico, Barcelona, Lisbon, Palermo and Naples, the crisis stemmed rather from the disengagement of the metropolis. The Count-Duke’s policy was to transform the Spanish monarchy into a confederate state of Viceroyalties under the Madrid guardianship. However, the weakness of the links between its rticle on members led the independence of Portugal and many other uprisings elsewhere. Far from rejecting the king, most subjects asked for a stronger royal presence and the dismissal of the compromised governors who were supposed to represent him.