Histoire, Économie & Société (3/2019)
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La relation du roi d’Espagne Philippe II avec ses territoires patrimoniaux aux anciens Pays-Bas a fait couler beaucoup d’encre. Selon la « légende noire » largement diffusée depuis le XVIe siècle, le souverain semble tromper et mépriser ses terres héréditaires, mais selon une « légende rose » récente et révisionniste, il paraît apprécier les Pays-Bas, en particulier pour leur art, leur architecture et leur horticulture. Cet article a par conséquent pour ambition d’envisager sous un nouvel angle le gouvernement de Philippe II dans les Dix-Sept Provinces dans son contexte propre et en se fondant sur l’ensemble des apports de l’historiographie des deux dernières décennies. Il envisage successivement la stratégie de Philippe aux Pays-Bas dans le cadre des logiques dynastiques au sein de la famille des Habsbourg et d’une monarchie composite, l’importance de la cour et de la bureaucratie dans le maintien de liens de loyauté entre Bruxelles et Madrid et enfin l’importance des divisions religieuses, d’ampleur européenne, dans les conflits des anciens Pays-Bas. Une attention toute particulière a été accordée à la manière dont le roi a fait usage des réseaux de patronage et de communication pour intégrer ces territoires à sa monarchie polycentrique et à l’échec partiel qu’il a rencontré dans ce domaine à l’issue de son règne.
There has been much written and speculated on the exact nature of the relationship between the Catholic King Philip II and his patrimonial lands in the Low Countries. Influenced by the traditional well-spread ‘Black Legend’, the prince would have done nothing else than to deceive and to contempt his hereditary lands, but a revisionist ‘Rose Legend’ rehabilitated him as a lover of Flemish art, architecture and horticulture. Hence, this contribution wants to re-evaluate the government of Philip II in his Seventeen Provinces by providing a state of the art of the last two decades of historiography on these themes. Uncovering the ‘Grand Strategy’ of Philip II towards the Netherlands, it deals successively with the importance of the imperatives of preserving the Habsburg dynasty and its polycentric monarchy, the importance of the court and the bureaucracy in maintaining bonds of loyalty between Spain and the Netherlands, and finally, the fortunes of the pan-European Wars of Religion. A particular attention is paid to the way that the King used the means of patronage and communication in order to integrate the Seventeen Provinces in his global monarchy, but also on the reason why he partially failed to do so.