Histoire, Économie & Société (4/2015)
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Dans quelle mesure l’évolution de Martin Heidegger le conduisant en 1933 à appeler à « l’anéantissement total » de l’ennemi intérieur peut-elle être comprise par la théorie de George Mosse de la « brutalisation » de la politique allemande après la Première Guerre mondiale ? Vétéran quoique n’ayant pas connu la première ligne, Heidegger fut en effet radicalisé par son expérience de l’armée, sans que c’en fût la seule cause : le « mythe de l’expérience de la guerre », diffusé par la culture du temps, de même que la paix brutale subie par l’Allemagne, jouèrent également un rôle significatif et conforme aux thèses de Mosse. Cela n’aurait pu avoir lieu sans les arrière-plans idéologiques critiques de Heidegger : d’abord un catholicisme intransigeant, puis les idéaux du Mouvement de jeunesse, enfin le nazisme.
To what extentMartin Heidegger’s evolution leading him in 1933 to call for the “total annihilation” of the internal enemy can be understood by George Mosse’s theory of the “brutalization” of German politics after WW1 ? A veteran albeit not a first-line soldier, Heidegger was indeed radicalised by his experience of the army, but this was not the only cause of his radicalisation : the “myth of the war experience”, diffused by contemporary culture, as well as the brutal peace endured by Germany, played a significant role as well, in accordance with Mosse’s theses. This couldn’t have happened without Heidegger’s critical ideological backgrounds : first an intransigent Catholicism, then the ideals of the German Youth Movement, and finally Nazism.