Cet article se propose de tester la pertinence de la notion de « patrimoine énergétique » pour étudier la place du charbon dans la société anglaise du XIXe siècle et du premier XXe siècle. Une approche d’histoire culturelle et sociale permet en effet de montrer que ce combustible peut être considéré comme une ressource identitaire pour l’Angleterre victorienne, c’est-à-dire un élément jugé certes indispensable à son développement économique mais aussi central dans la construction symbolique de son identité nationale. C’est justement cette conception du charbon comme un patrimoine paradoxal (puisqu’évidemment sans cesse diminué par la consommation énergétique), qui est à l’origine des angoisses existentielles du pays à la fin du XIXe siècle.