
Histoire, Economie et Société (4/2025)
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C’est en complémentarité mais de plus en plus en rivalité avec l’Église que le chant comme savoir et pratique scolaires se construit au cours du XIXe siècle. Au sein de l’école républicaine, il conservera les traits constitutifs du contexte qui l’a vu naître et se développer : vecteur de l’apprentissage du français, de la morale, de la discipline, il se limitera à la mémorisation de chants édifiants, interprétés collectivement, le plus souvent réservés aux garçons et d’un niveau technique abordable. C’est donc moins dans les modalités de cet enseignement que dans sa signification qu’il faut chercher la cause du peu d’investissement des instituteurs. Tant qu’ils considèrent le chant comme la manifestation sonore de leur soumission à l’Église, les maîtres se déclarent incompétents pour pouvoir être indépendants. Cette situation ne trouve sa résolution que lorsqu’est définitivement transféré l’objet de cet enseignement de l’Église vers l’État, transfert qu’ont facilité les échanges et les emprunts réciproques entre le chant à l’école et le chant à l’église.
It is in complementarity but increasingly in rivalry with the Church that singing as school knowledge and practice was constructed during the 19th century. Within the republican school, it will retain the constitutive features of the context which saw its birth and development : vector for learning French, morality, discipline, it will be limited to the memorization of edifying songs, performed collectively, most often reserved for boys and at an affordable technical level. It is therefore less in the modalities of this teaching than in its meaning that we must look for the cause of the lack of investment by teachers. As long as they consider singing as the sonic manifestation of their submission to the Church, the teachers declare themselves incompetent to be able to be independent. This situation only finds its resolution when the object of this teaching is definitively transferred from the Church to the State, a transfer facilitated by the exchanges and reciprocal borrowings between singing at school and singing at church.

