Revue d'histoire des sciences (1/2020)
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Au milieu du XIXe siècle, alors que des défis nouveaux s’imposent aux métiers de la carrosserie en raison de l’essor du commerce de la calèche et de l’industrialisation progressive de sa fabrication, le tracé géométrique des caisses des voitures hippomobiles est transformé et rationalisé, en France, par l’introduction des méthodes générales de la géométrie descriptive. La profession des carrossiers organise alors la formation mathématique de ses menuisiers qui dessinent, débitent et usinent au sein de ses ateliers, au moyen de cours dispensés à Paris, de revues professionnelles et d’un traité de géométrie descriptive. Ce nouveau discours mathématique produit par et pour une profession témoigne d’une appropriation d’un savoir théorique qui avait prospéré, au cours du siècle, loin des réalités vécues dans les ateliers de carrosserie, un nouveau discours qui essaime en Europe et de l’autre côté de l’Atlantique dans le dernier quart du XIXe siècle.
In the middle of the nineteenth century coachbuilders were facing new challenges due to the growth of the carriage trade and the gradual industrialization of carriage manufacture. The geometric layout of horse-drawn coaches was transformed and rationalized in France by the introduction of general methods of descriptive geometry. The coachbuilding profession organized the mathematical training of its carpenters who drew, cut and machined in coachbuilders’ workshops through courses given in Paris, professional journals and a treatise on descriptive geometry. This new mathematical discourse produced by and for a trade testifies to an appropriation of theoretical knowledge that had flourished over the century far removed from the realities of the coachbuilding workshops, and represented a new discourse that spread across Europe and the Americas in the last quarter of the century.