Revue d'histoire des sciences - Tome 68 (1/2015)
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La découverte de la planète Neptune en 1846, à partir des calculs théoriques d’Urbain Le Verrier, reste de nos jours perçue comme un prodigieux tour de force. On souligne toutefois plus rarement le fait que l’Observatoire de Paris n’a pas été en mesure de procéder aux recherches télescopiques de la nouvelle planète. Ce point de l’histoire mérite pourtant de s’y arrêter tant il est révélateur du retard pris par l’astronomie française vis-à-vis de ses homologues allemande, anglaise et russe. Cette découverte est également le triomphe d’une astronomie nouvelle qui atteint ici son apogée, « l’astronomie de l’invisible », dont Friedrich Wilhelm Bessel est considéré comme le fondateur. Elle est révélatrice des profondes mutations en cours dans les méthodes et les objets de l’astronomie. Elle sacralise le dogme de la gravitation newtonienne mais s’annonce également comme le principal obstacle à l’astronomie physique naissante, dont François Arago fut l’un des précurseurs.
The discovery of the planet Neptune in 1846 based on the theoretical calculations of Urbain Le Verrier is nowadays seen as an outstanding event. However, it is more rarely pointed out that the Paris Observatory was not itself able to carry out telescopic investigations of the new planet. This fact deserves to be highlighted as it is indicative of a significant lag in French astronomy with regard to its German, English and Russian counterparts. This discovery is also one of the greatest achievements of a new type of astronomy, the « astronomy of the invisible » founded by Friedrich Wilhelm Bessel. It is a harbinger of major changes in the methods and objects of astronomy. However, whilst it enshrines the dogma of Newtonian gravitation, it also constitutes the main obstacle to the development of physical astronomy, of which François Arago was one of the key precursors.