Revue d'histoire des sciences - Tome 60 (1/2007)
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La chimie moderne, loin de s’être constituée en rupture avec la tradition alchimique, s’est au contraire nourrie des travaux d’une « philosophie chimique » d’inspiration paracelsienne qui produit encore ses effets dans les travaux des chimistes de l’Académie royale des sciences au début du XVIIIe siècle. C’est ce que montre en particulier l’analyse de la querelle qui opposa Louis Lémery et Étienne-François Geoffroy à propos de la fabrication artificielle du fer. Les arguments que Geoffroy oppose aux conceptions mécanistes de Lémery sont tirés de travaux alchimiques sur la teinture des métaux et les principes métalliques à l’oeuvre dans les opérations de transmutation. Son attaque contre les supercheries des alchimistes vise les charlatans, mais non pas les travaux de ses prédécesseurs, dont il tirera la célèbre table des affinités chimiques, qui constitue l’un des piliers de la chimie du XVIIIe siècle.
Modern chemistry was not the result of a break with the alchemical tradition, but the continuation of a « chemical philosophy » coming from Paracelsian ideas, which still influenced the works of chemists at the Académie royale des sciences in the early 18th century. A quarrel between Louis Lémery and Étienne-François Geoffroy concerning the artificial fabrication of iron shows that Geoffroy’s arguments against Lémery’s mechanical conceptions come from alchemical works about metallic dye and metallic principles of the transmutation process. The attack against the alchemist’s tricks by Geoffroy is directed at charlatans, but not at ancient chemists : their works provide the matter for the famous affinity table, which is a pillar of 18th century chemistry.