Revue d'histoire des sciences - Tome 63 (2/2010)
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Dès l’Antiquité, les textes attestent de l’intérêt des savants pour les maladies des céréales. En France, cette tendance s’accentue suite à l’avènement des Lumières, qui voient fleurir des traités et autres mémoires sur la question. Ce n’est toutefois pas avant le début du XIXe siècle que la cause de la carie du blé sera identifiée par un savant de province, Isaac-Bénédict Prévost (1755-1819). Ce chercheur mettra en lumière le cycle du parasite microscopique responsable de cette maladie et élaborera un mélange capable de l’éradiquer. Cette découverte majeure, de même que la mise au point d’un remède efficace, seront minimisées par l’Institut de France, entraînant ainsi un retard considérable pour l’agriculture nationale. L’intégration de cet épisode à l’histoire des sciences permet d’appréhender les mécanismes d’occultation du savoir scientifique dans la France impériale et met en évidence le parcours d’une découverte scientifique, de son lieu de production à un éventuel centre de diffusion.
Since immemorial times scholars and landowners have been concerned to fight diseases attacking wheat. Interest was particularly strong in France during the Enlightenment, although no effective solution was found to prevent the damages caused by one of the most infectious of them – the wheat bunt – until the beginning of the 19th century. Isaac-Bénédict Prévost (1755-1819), a Swiss naturalist, carried out some experiences in Montauban (Southern France) between 1798 and 1807, which revealed the cause of the disease as well as an efficient way to fight the relevant microscopic fungus. The discovery was completely underestimated by the Institut de France, thus bringing about a great delay in French agriculture. The study of this validation process will enable us to apprehend the mechanisms pertaining to a striking case of a blockage of scientific knowledge in imperial France as well as a possible route taken by a scientific discovery from its birthplace to the main national agency responsible for spreading knowledge, that is the Institut.