Revue d'histoire des sciences - Tome 65 (1/2012)
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Le concept de développement durable s’enracine dans l’histoire des mouvements de préservation de la nature et de conservation des ressources naturelles et de leurs relations avec les sciences de la nature, en particulier l’écologie. En tant que paradigme sociétal, à la fois écologique, politique et économique, il se présente comme un projet politique idéal applicable à l’ensemble des sociétés, qui prétend dépasser l’opposition entre ces deux visions profondément divergentes des relations homme-nature. L’analyse des textes internationaux pertinents permet de dégager les principes fondamentaux, interdépendants, qui structurent ce paradigme : démocratie effective, soutenabilité sociale et respect de la capacité de renouvellement des systèmes écologiques. En dépit de concessions formelles aux préservationnistes, avec l’affirmation de la valeur intrinsèque de la biodiversité, le développement durable est explicitement anthropocentré et se situe dans la filiation directe du conservationnisme. Parce que ses principes fondamentaux ne sont pas mis en oeuvre de façon intégrée, son évocation rituelle ne réussit pas à cacher ses contradictions profondes, éthiques et politiques, lesquelles l’obligeront à rester dans le champ de l’utopie.
Sustainable development is rooted in the history of movements for the preservation of nature and for the conservation of na- tural resources, and of their relationships with natural sciences, ecology having a central role. As a societal paradigm, at the same time ecological, political, and economical, sustainable development embodies ideal policy for all societies, and is supposed to overcome the opposition between these two diverging views of man-nature relationships. The analysis of international texts devoted to sustainable development emphasizes fundamental, interdependent, principles : true democracy, social sustainability, and respect for the resilience of ecological systems. Despite formal concessions to preservationists, by recognizing the intrinsic value of biodiversity, the sustainable development concept is clearly anthropocentric, and is in direct line of descent from conservationism. As its fundamental principles are not implemented in an integrated way, its ritual evocation fails to hide strong ethical and political contradictions, and it will get stuck with utopia.