Revue d'histoire des sciences - Tome 67 (2/2014)
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Le développement de la logique symbolique est souvent présenté comme le récit cumulatif d’innovations successives pour mener à ce qu’il est commun d’appeler la logique moderne. Ce récit cache les obstacles qui se dressent sur le chemin de cette logique et qui contribuent ainsi à façonner son histoire. Les réactions négatives à l’émergence de la nouvelle logique dans la seconde moitié du XIXe siècle sont nombreuses, et nous étudions dans ce texte le cas de la scène logique à Oxford, où nous retrouvons Lewis Carroll, enseignant de mathématiques qui travaille à la promotion de la logique symbolique, et John Cook Wilson, Wykeham professor of logic, qui s’y oppose. L’analyse de leurs disputes sur la question du symbolisme logique montre selon nous que leur opposition est moins marquée qu’il n’y paraît, puisque Cook Wilson ne s’oppose pas à Lewis Carroll sur le caractère « symbolique » de la logique, mais bien plutôt à l’intrusion d’idées mathématiques et à ce qu’il percevait comme des problèmes futiles pour les logiciens et les philosophes.
The development of symbolic logic is often presented in terms of a cumulative story of consecutive innovations that led to what is known as modern logic. This narrative hides the difficulties that this new logic faced at first, which shaped its history. Indeed, negative reactions to the emergence of the new logic in the second half of the nineteenth century were numerous and we study here one case, namely logic at Oxford, where one finds Lewis Carroll, a mathematical teacher who promoted symbolic logic, and John Cook Wilson, the Wykeham Professor of Logic who notoriously opposed it. An analysis of their disputes on the topic of logical symbolism shows that their opposition was not as sharp as it might look at first, as Cook Wilson was not so much opposed to the « symbolic » character of logic, but the intrusion of mathematics and what he perceived to be the futility of some of its problems, for logicians and philosophers alike.