Revue de l'histoire des religions (4/2019)
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Les chrétiens de l’Antiquité tardive, pris dans leur ensemble, ne considèrent pas Virgile comme un prophète de leurs croyances, contrairement à la Sibylle, dont les oracles « véridiques » auraient inspiré le poète. Pour la plupart des non-chrétiens de l’empire tardif, Virgile, dont le prestige et l’autorité sont inégalables, n’est pas non plus pour autant l’auteur sacré d’une « Bible païenne », comme l’ont écrit certains historiens de la période. Les exemples de telles interprétations sont isolés (le Discours à l’Assemblée des Saints, le Centon de Proba, les Saturnales de Macrobe) et témoignent d’appropriations monothéistes, chrétiennes et non chrétiennes, très originales, qui cristallisent les différentes étapes de la christianisation de l’empire.
The Christians of Late Antiquity, taken as a whole, do not consider Virgil as a prophet of their beliefs, unlike the Sibyl, whose “true” oracles are considered to have inspired the poet. For most of the non-Christians of the declining Empire, Virgil, whose prestige and authority are unequaled, is not the sacred author of a “pagan Bible”, as some scholars have written. Examples of such interpretations are isolated (the Speech to the Assembly of the Saints, the Cento of Proba, the Saturnalia of Macrobius) and bear witness to monotheistic appropriations, Christian and non- Christian, which remain very original, and crystallize the different stages of the Christianization of the Roman empire.