Langue française n° 170 (2/2011)
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La question des relations entre structure prosodique et structure syntaxique a été largement débattue dans les années 80, mais depuis que les travaux de prosodie s’intéressent aux relations avec le discours et se fondent sur l’étude de corpus oraux, elle a été délaissée. Pourtant, pour développer une grammaire prosodique, il nous semble essentiel (i) de réaffirmer l’importance des relations entre structure syntaxique et structure prosodique et (ii) de mettre clairement à jour leurs modalités de fonctionnement. En nous situant dans la lignée des travaux de Philippe Martin et de la théorie prosodique (cf. Selkirk 1978 et séq.) et en nous appuyant sur le corpus Anita Musso, nous soutenons que les constituants prosodiques (ici le syntagme phonologique et le syntagme intonatif) sont avant tout construits sur bases syntaxiques, puisque très souvent les frontières prosodiques s’alignent sur les frontières droites des constituants syntaxiques. Selon nous, l’existence d’une telle relation entre syntaxe et prosodie ne remet nullement en cause l’idée selon laquelle les phénomènes intonatifs et accentuels sont autonomes et fonctionnent selon des principes qui leur sont propres.
The relationship between prosodic structure and syntactic structure was widely debated in the 80s, but interest in this topic has waned with a shift in focus towards studies of prosody in discourse based on oral corpora. However, it would seem imperative that, in order to develop a prosodic grammar, we (i) recognise the importance of the relations between the syntactic and the prosodic structure, and (ii) establish exactly how they operate. On the basis of the oral corpus Anita Musso, and in line with the work of Philippe Martin and the theory of Prosodic Phonology (in particular, Selkirk 1978), we argue that prosodic constituents (the phonological phrase and the intonational phrase, here) are primarily constructed on the basis of syntactic structure, since their edges align with the right edges of syntactic consituents. In our view, the existence of such a relationship between syntax and prosody does not call into question in any way the claim that intonational and accentual phenomena operate autonomously, and are controlled by their own principles.