Littérature n° 151 (3/2008)
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Suivant la fiction qu’il construit, Antoine Volodine traduit les oeuvres « post-exotiques » de ses personnages. Derniers survivants de la culture révolutionnaire, relégués dans un monde concentrationnaire, ces personnages produisent une littérature dans la langue de la révolution, comme pour résister à l’anéantissement ; hors du monde concentrationnaire, leur camarade Volodine recueille les oeuvres qui lui parviennent et les fait paraître en français. Il s’agit de considérer comment ce dispositif conditionne le lecteur à recevoir la fiction comme une oeuvre de témoignage. D’un côté, la langue de la révolution reste une arme de combat (une contre-langue ), et en minorant le français, Volodine en témoigne. D’un autre côté, cette langue subit les effets de l’entropie, du fait qu’elle est une langue quasi-morte, que ses locuteurs perdent la faculté de parler ; et cela aussi, la langue de traduction de Volodine doit l’inscrire. Expérience de mort et de régénération, la littérature post-exotique est comme une bouteille à la mer ; survivance de l’original, la traduction offre une culture en héritage.
Volodine constructs a fiction wherein he is translating the “post-exotic” works of characters who, last remnants of a revolutionary culture, are relegated to a world of concentration camps, where they write in the language of revolution, as though to resist annihilation ; outside, Volodine gathers their works and translates them into French. How does this device lead the reader to understand this fiction as witness literature ?