Romantisme n° 141 (3/2008)
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La question de l’état de démence des criminels devient au cours du XIXe siècle une question centrale et problématique pour les juristes et les magistrats. Il faut chercher l’origine de ce nouveau questionnement bien sûr dans l’essor de la psychiatrie et l’extension du champ de l’aliénation mentale dont elle est porteuse, mais aussi dans l’évolution spécifique du système judiciaire. À partir du début du XIXe siècle, de nouvelles notions s’imposent qui favorisent une individualisation des peines désormais indexée sur la personnalité des accusés. L’ intention du crime, l’intensité de la volonté qu’a montré le criminel dans son action, le degré de conscience dont il a fait preuve, acquièrent en justice une importance capitale. Cette « moralité de l’acte », fondamentale dans la définition de la culpabilité, produit une nouvelle lecture de l’âme des criminels, qui élargit le rôle de la psychiatrie en justice et favorise l’émergence d’une conception psychique du sujet.
The question of the state of sanity of criminals became a core issue for jurists and magistrates during the 19th century. This new questioning originated in the development of psychiatry and in the extension of the field of insanity, but it is also linked to the specific evolution of the judicial system, which attributes a major importance to the intention behind the crime, the intensity of will exhibited by a criminal when he acted, and the degree of consciousness he displayed. This “morality” of the action, fundamental for the definition of fault, produced new readings of the criminals’ soul. This, in turn, broadened the role of psychiatry in justice and facilitated the emergence of a psychic conception of the subject.