Romantisme n° 149 (3/2010)
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Signe d’une santé mentale déclinante et d’une défaillance rituelle, le revenant chez Zola surgit dans la narration au moment où se joue et se marque le fatum des personnages : se glissant dans les couvertures souvent encore chaudes de la nuit de noces, le fantôme se dresse dans le monde des vivants pour charivariser l’infraction morale. Dans l’oeuvre zolienne, le désordre psychique qui consiste à halluciner des spectres indique non seulement des destins captifs de la maladie, mais des ratés de la coutume et du rite. Enfermés dans un entre-deux, comme les fantômes qu’ils entrevoient, les personnages doués d’une seconde vue sont « liminaires », au sens où ils demeurent prisonniers d’un rite de passage dévoyé. Cet article propose donc de penser le revenant en termes culturels (il fait, en effet, partie d’un système de croyances ; il symbolise un état liminaire et un défaut rituel) en examinant, plus particulièrement, le rite de la nuit de noces dans le roman naturaliste.
Sign of a declining mental health and a failure of ritual, the phantom in Zola’s narration appears at a turning point in the characters’ destinies : slipping between blankets still warm from the wedding night, the ghost rises among the living for a shivaree of moral infraction. In Zola’s works, the hallucination of spectres is a psychic disorder indicative not only of destinies held captive by the disease, but also of departures from custom and ritual. Trapped in-between like the ghosts they perceive, characters with this second sight are “liminal”, in that they are prisoners of a tainted rite of passage. This article thus proposes to address the phantom in cultural terms (indeed, it is integral to a belief system where it symbolizes a liminal state and a failure of ritual), more specifically by examining the rite of the wedding night in the naturalist novel.