LITTÉRATURE Nº199 (3/2020)
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Les controverses sur le rapport d’Albert Camus à la violence ont surtout porté sur ses écrits relatifs au « terrorisme ». Cet article contribue à ces débats à partir d’une focale sur les Lettres à un ami allemand. Ces textes écrits alors que l’auteur participait à la Résistance entre 1943 et 1944 donnent à voir un Camus original, qui souligne que la violence constitue un problème moral mais appelle sans ambiguïté à la « destruction » de l’adversaire. Le propos est d’autant plus fort que l’Allemagne est littéralement en train de se faire détruire sous les bombardements alliés. Cette tension entre critique de la violence et consentement à elle conduit Camus à identifier plusieurs mécanismes de ce que les politistes appellent la « montée aux extrêmes ».
Controversies upon Camus’s relationship to violence mainly concerned his writings on “terrorism”. This article contributes to these debates in focusing on the Letters to a German Friend. These texts, written between 1943 and 1944, when the author participated in the Resistance, reveal an original Camus who emphasizes that violence constitutes a moral problem but requires unambiguously the “destruction” of the enemy. The word is all the more powerful as Germany is literally being destroyed under the Allies’ bombings. This tension between criticizing violence and consenting to it leads Camus to identify several mechanisms of what political scientists call the “rising to extremes”.