LITTÉRATURE Nº204 (4/2021)
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Nous souhaitons interroger la capacité de modèles sémiotiques – issus d’analyses d’oeuvres littéraires – à éclairer le fonctionnement de dispositifs sociopolitiques effectifs. Nous explorons dans cette optique le fonctionnement de l’identification (au sens de définir l’identité de quelqu’un) et nous montrons qu’il repose sur des processus de surveillance et de captation de données, dans le but de construire un double du surveillé, un miroir toujours déformant, constitué à partir de lui et de ses traces, mais susceptible d’être érigé en étalon de bonne conduite. Nous verrons alors que l’identification repose sur un principe similaire à celui de la surveillance, où une relation transitive (identifier quelqu’un, surveiller quelqu’un) s’installe au coeur de la réflexivité des sujets (s’identifier à son double, se surveiller). La littérature apparaît alors comme un laboratoire d’analyse de la surveillance, notamment pour appréhender ses effets sur la construction sémiotique des sujets.
We wish to interrogate the capacity of semiotic models – built from the analyses of literary works- to reveal how sociopolitical devices effectively work. In this prospect we explore how identification works (in the sense of defining someone’s identity) and we show that it lies on surveillance and data collection processes, in order to build a double of the one being watched, an ever-deforming mirror, constituted from it and from its traces, however eventually erected into a paragon of correct behavior. We will see then that identification and surveillance lie on a similar principle, for which a transitive relation (identifying someone, watching over someone) is set at the heart of the subjects’reflexivity (identifying oneself with one’s double, keeping watch over oneself). Literature then appears as a laboratory for analyzing surveillance, more specifically to apprehend its effects on the subjects’ semiotic construction.