Romantisme n° 143 (1/2009)
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Cet article propose d’élargir le cadre des recherches actuelles sur les sociabilités littéraires en indiquant qu’elles ont intérêt à s’inscrire dans une démarche d’histoire sociale et d’histoire et culturelle à spectre plus large. Ce n’est pas seulement les sociabilités qui doivent intéresser l’historien littéraire « culturaliste » mais, de manière plus générale, les rapports d’influence réciproque entre « littérature » et « société ». Chose décisive au début de la monarchie de Juillet, quand, appliquant la célèbre formule de Bonald, la presse et la lit térature panoramique prennent pour objet d’étude les transformations qui affectent aussi bien les sociabilités concrètes, leurs représentations changeantes que la « position sociale » des écrivains et des artistes. Et si « socialité » au singulier est opposé à « sociabilités » au pluriel, c’est que la période procède à une remise en cause des sociabilités littéraires, les anciennes (le salon) comme les plus récentes (le cénacle, l’école). Devenue à elle seule tout un monde, la « littérature » rêve alors d’avoir à elle seule une surface sociale transcendant de loin les limites du corps des gens de lettres.
This article aims at broadening the scope of current research in literary sociabilities by emphasizing that it should be inscribed within a more widely conceived approach to social and cultural history. The “culturally-oriented” literary historian should focus not only on sociabilities, but, more generally, on the relations of reciprocal influence existing between “literature” and “society”. This is particularly important at the beginning of the July Monarchy, when, following Bonald’s famous formula, both the press and panoramic literature start examining the transformations affecting concrete sociabilities and their varying representations as much as the “social position” of writers and artists. If “sociality” (singular) is opposed to “sociabilities” (plural), it is because the period then begins to bring into question literary sociabilities, the older ones (the “salon”) as well as the most recent (the “cenacle”, the “school”). Having become a world unto itself, “literature” starts dreaming that it may possess for itself alone a social surface which reaches far beyond the limits of the “gens de letters” class.