Romantisme n° 144 (2/2009)
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On se propose ici d’analyser, à l’aide de quelques références importantes (Lacordaire, Lamennais), les principales mutations du discours religieux dans la première moitié du XIXe siècle. Réduite au silence après 1789, une parole catholique renaît à l’époque romantique, reposant essentiellement sur deux sources a priori contradictoires : le sermon classique et l’éloquence révolutionnaire, Bossuet et Mirabeau. Cependant, cette parole se cherche encore : le renouveau de l’éloquence de la chaire est loué, mais il est aussi critiqué. Les atours rhétoriques des prédications à la Lacordaire sont ainsi pourfendus par des fidèles de l’écrit comme Lamennais. On assiste alors au combat des grands gestes contre la simplicité de la parole, au conflit entre une rhétorique religieuse et une poétique du sacré qui s’avèrera en fin de compte plus féconde qu’on ne le croit.
The purpose of this article is to analyse the major transformations in religious discourse during the first half of the 19th century with reference to some important figures (Lacordaire, Lamennais). Silenced after 1789, a Catholic discourse emerged again in the Romantic era, based mainly on two seemingly contradictory sources: the classic sermon and the revolutionary eloquence of Bossuet and Mirabeau respectively. However, this discourse was still hesitant although the revival of eloquence in the pulpit was praised, it was also criticized. The fine rhetoric of the Lacordaire-style sermons was thus assailed by the ardent supporters of the written word, such as Lamennais. It was then a time of great gestures against simple words, of a conflict between religious rhetoric and the poetics of the sacred, which would eventually prove more fruitful than expected.