Romantisme n° 170 (4/2015)
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Le populisme est aujourd’hui un mot-insulte et un concept peu légitime dans les sciences sociales et les études littéraires. Et pourtant il désigne bien quelque chose : si son appartenance au champ des idéologies politiques semble ne pas aller de soi, il en va autrement de sa contribution à la genèse du romantisme et de l’identité des intellectuels au XIXe siècle. À peu près en même temps que naît un « mouvement populiste » en Russie (narodnischestvo), Jules Michelet inaugure une « sensibilité populiste » en histoire, définie à partir de l’idée que la relation au peuple peut devenir le moteur d’un type nouveau de production du savoir. C’est un décryptage de ce « populisme savant » que nous proposons dans cet article, à travers une lecture du Peuple de Michelet.
Populism is nowadays a word of insult and a concept with little legitimacy either in the social sciences or in literary studies. And yet it designates something specific : if its relevance to the field of political ideologies is not self-evident, the matter is different where it concerns its contribution to the development of romanticism and the identity of intellectuals in the 19th century. At the same time as Russia saw the birth of a “populist movement” (narodnischestvo), Jules Michelet inaugurated a “populist sensitivity” in history, defined by starting with the idea that the relation to the people can drive a new type of production of knowledge. This paper decrypts this “scientific populism” through a reading of Michelet’s Peuple.