Romantisme n° 176 (2/2017)
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Jugeant qu’assez de « légendes » avaient été publiées sur le compte des peintres de la tradition, Théophile Silvestre s’attelle, dès 1853, à un ambitieux projet : il entreprend d’écrire une histoire des « artistes vivants » dont il fait réaliser le portrait photographique, qu’il complète d’un portrait littéraire saisi « d’après nature ». La démarche de Silvestre, au croisement de la critique d’art, de la littérature et du journalisme, se distingue par sa radicalité de ton et sa volonté de restituer avec « autant de fidélité que d’indépendance » les personnalités de peintres si diverses. Il s’agit de comprendre comment la sincérité, qui caractérise son approche, s’élabore en faisant usage d’une ironie virulente censée doubler la « dureté » et la « rigueur » de l’image photographique. Un tel projet ne peut s’accomplir sans certaines contradictions, voire certains paradoxes.
Judging that a sufficient number of “legends” had been published on the great painter of the past, Théophile Silvestre gave himself, as early as 1853, an ambitious project : that of writing a history of “living artists” whose photographic portrait he commissions and then complements with a literary portrait drawn “from nature”. Silvestre’s project, at the intersection of art criticism, literature, and journalism, stands out for the radicalism of its tone and its decision to recount, with “as much faithfulness as independence”, the personalities of painters. This paper tries to account for the way the sincerity that characterises his approach is elaborated through the practice of trenchant irony supposed to mirror the “toughness” and “rigour” of the photographic image. Such a project cannot be realised without some contradictions and even paradoxes.