Romantisme n° 176 (2/2017)
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Le romantisme avait déjà suggéré pour l’artiste non seulement une place à part dans la société, mais aussi une responsabilité collective. Rien d’étonnant, dès lors, à ce que la République naissante, à partir de 1870, choisisse pour son panthéon des grands hommes des figures d’artistes. L’une des voies de diffusion de ce panthéon est le genre du portrait, qui se déploie surtout dans un cadre non romanesque et non fictionnel. Cependant, la forme particulière du « portrait », brève, enlevée, polymorphe, sujette à toutes les déformations et qui prend souvent le nom de « Silhouette », s’accommode mal du projet pédagogique de canonisation républicaine, dont la forme favorite est la statue, et sa traduction littéraire : la monographie. L’article s’attache à mettre en lumière ce problème, et les stratégies de détournement mises en oeuvre par les portraitistes.
Romanticism was the first movement to suggest artists not only held a special position in society but also bore responsibility for society as a whole. No wonder therefore the nascent Republic, from 1870 on, should choose for its pantheon of great men a number of artists. One of the ways this pantheon was disseminated was through the genre of the portrait, diffused mainly in non-fictional contexts outside the form of the novel. However, the formal specificities of the “portrait”, short, witty, polymorphous, subject to all sorts of distortions and often called a “silhouette” did not lend themselves well to the pedagogical project of republican canonisation, whose favourite form is rather the statue and its literary translation, the monograph. This paper highlights this problem and the subversive strategies used by portraitists.