ROMANTISME N° 180 (2/2018)
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Cet article se propose de reprendre la question de la charité telle qu’elle est formulée et déployée dans Les Misérables afin de la resituer d’abord dans le cadre d’une pensée critique et dynamique – une pensée non dogmatique – qui s’efforce de cerner et d’évaluer l’action de bienfaisance et la philosophie morale qui l’inspire non plus comme la déduction d’une vertu, mais comme le produit d’un agir historique, d’une pratique qui s’inscrit et se développe dans le champ d’une anthropologie sociale et politique. C’est à l’affirmation d’un droit redéfini à l’abri des théologies et des églises que travaille le discours de l’écrivain. Une relation spécifique avec le lecteur s’y rattache – de même qu’une fonction de la littérature – comme fiction et pensée – s’y renforce dans l’invention conjointe d’une exigence de liberté et d’un devoir de fraternité assignables à l’humain conçu comme progrès et transcendance de l’Histoire.
This paper focuses on the issue of charity as formulated and developed in Les Misérables, in order first of all to relocate it within a dynamic system of critical thought – of non-dogmatic thinking – that tries to define and evaluate charitable acts and the moral philosophy that inspires them as no longer simply logically following from virtue but as the product of historical action developing within a specific socio-economic anthropology. The author endeavoured to reassert discursively a right he tried to redefine away from the churches and from theology. This implies that a specific relationship to the reader - as well as a specific function of literature - is reinforced through the double invention of a requirement for freedom and a duty of brotherhood attributed to humanity understood as the possibility of progress and of transcending History.