ROMANTISME N° 181 (3/2018)
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Au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, la collecte des musiques populaires coïncide avec les premiers triomphes de Wagner à Paris. Face à l’Allemagne, l’intérêt porté aux musiques des régions françaises est-elle une réaction nationaliste destinée à promouvoir un ars gallica, ou, au contraire, la continuation de la théorie wagnérienne qui fait du chant, après Rousseau, l’expression originelle de l’humain ? Les régions françaises sont pour les wagnériens le lieu d’une humanité des temps primitifs qu’il faut préserver, mais surtout utiliser pour régénérer le wagnérisme en imaginant sa postérité. Les festivals de plein air qui promeuvent un art total populaire et un humanisme se réclamant de la démocratie athénienne, renouvellent alors le concept de Gesamtkunswerk, faisant de la région le lieu de l’ouverture à une modernité cosmopolite loin des idéaux conservateurs.
During the second half of the 19th century, the collecting of popular music in France coincided with Wagner’s first triumphs in Paris. Given the German situation, is the interest in the music of the different French regions a nationalist reaction aiming to promote an ars gallica, or, on the contrary, a follow-up to the Wagnerian theory that sees in song, as does Rousseau, the origins of human expression? The French regions represent for the Wagnerians the locus of a primitive humanity, which needs to be preserved, but mainly to be used to regenerate Wagnerism by imagining its descendance. The open air festivals which promote a total art originating in the people and a humanism anchored in Athenian democracy thus renew the concept of Gesamtkunswerk and make of the region the home of a cosmopolitan modernity a long distance from conservative ideals.