Romantisme n°183 (1/2019)
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À partir de la visualisation d’une base de données inédite décrivant les relations entre écrivains et savants au XIXe siècle, et à l’aide des apports théoriques de la sociologie des réseaux, nous proposons un panoramadia chronique des modalités de relation entre ces deux milieux. Le recours à l’analyse de réseau permet de dépasser la seule thématique de la« relation », pour penser les effets de réseaux, notamment en termes d’accès à des sources d’information, mais également pour modéliser des pratiques sociales et donc les comparer, voire en suggérer une typologie. Au-delà de l’aspect théorique d’une sorte d’enquête de sociologie littéraire, il s’agit également de mener une analyse documentée du rôle prééminent, dans l’inspiration littéraire, d’auteurs relevant de la vulgarisation scientifique, ce qui permet de reformuler la question des échanges entre savants et écrivains comme relevant d’une « communication » plutôt que d’une « relation », c’est-à-dire que nous prenons en compte la forme de cette prose savante, et pas uniquement l’information dont elle serait le véhicule. Les échanges oraux et écrits entre savants et écrivains forment ainsi un espace de co-élaboration d’un objet langagier partagé, que chacune des parties utilise et s’approprie dans son œuvre, en fonction de ses objectifs esthétiques ou démonstratifs, avec les déviations, erreurs et arrangements inhérents à ces stratégies, un phénomène d’adaptation réciproque par le discours, que nous avons appelé « confluence ».
This paper, based on the visualisation of a data bank describing the relation ships between writers and scientists in the 19th century, and on the sociologyof networks, aims not only to tease out network effects in terms of access to information, but also to model a number of social practices in order to classify them. Beyond the theoretical aspects of this research into literary sociology, the idea is to document the preeminent role, in literary inspiration, of writers popularising science, which allows us the reformulate the issue of the exchanges between scientists and writers as pertaining to “communication” as opposed to a “relation” ; that is, to takeinto account the form taken by scientific prose and not only the information it mediates.