
ROMANTISME N°192 (2/2021)
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L’article se penche sur le développement et la formalisation par l’auteur russe Nikolaï Leskov (1831-1895) d’un type de narration appelée skaz ou conte oral, qui inscrit l’oralité au coeur du texte écrit. Si à l’origine cette appropriation des formes orales du récit sert à l’auteur à affirmer une stratégie auctoriale qui l’établit en hérétique des lettres russes, à contre-courant de la modernité, elle va le placer au carrefour de différentes approches critiques qui, de Boris Eichenbaum à Walter Benjamin, fait de Leskov une figure centrale, au début du XXe siècle, pour penser les caractéristiques formelles du texte écrit et son rapport à son lecteur/auditeur. À l’image des « antimodernes », et grâce à son réinvestissement du récit oral, Leskov est de ceux qui, tout en réfutant à hauts cris la modernité culturelle, technique, industrielle et économique, sont devenus des figures tutélaires du modernisme en art.
This paper focuses on the development and formalisation by the Russian writer Nikolaï Leskov (1831-1895) of a type of story-telling called skaz, or oral tale, which puts orality at the heart of the written text. If originally this appropriation of oral forms of story-telling enabled the author to forge an authorial strategy establishing him as a heretic within the Russian literary world, going against the grain of modernity, it put him, at the start of the 20th century, at the cross-roads of different critical approaches that, from Boris Eichenbaum to Walter Benjamin, consider Leskov a major figure in the analysis of the formal characteristics of the written text and its relationship to its reader/auditor. Like the « antimoderns » and thanks to his reinvesting in oral story-telling, Leskov belongs among those who, while protesting loudly against cultural, technical, industrial and economic modernity, have become the tutelar figures of modernism in art.

