ROMANTISME N°193 (3/2021)
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Si une grande partie des notes fragmentaires de Baudelaire sur la Belgique (1864-1866) se distingue par sa violence et sa belgophobie, il n’en va pas de même pour la liasse « Architecture, églises, culte », brouillon de réflexions esthétiques que le poète avait semble-t-il le projet de mener dans Pauvre Belgique !. Elle sort en effet du ressassement qui accuse inlassablement les Belges d’imitation, et diffère des remarques qui montrent en toutes choses une Belgique singe de la France. En adjoignant à la lecture de Baudelaire celle du sociologue Gabriel Tarde, cet article se propose de montrer comment les nouvelles formes architecturales que le poète rencontre à Bruxelles lui permettent de se saisir de manière plus euphorique de la question de l’imitation, en envisageant le processus non seulement d’après le mimétisme angoissant de la copie, mais selon sa lenteur souterraine et vivante, où Baudelaire retrouve des échos de sa propre esthétique.
If a great many of Baudelaire’s fragmentary notes on Belgium (1864-1866) stand out for their violence and their belgophobia, such is not the case for the bundle entitled “Architecture, églises, culte”(“Architecture, churches, cult”) a draft of aesthetic reflections that the poet, it seems, planned to put together in Pauvre Belgique ! ( Belgium Stripped Bare). This is because it breaks with the endless rumination which endlessly accuses the Belgians of imitation, and is different from the observations which constantly show up a Belgium monkeying France. This paper, by crossing a reading of Baudelaire with that of the sociologist Gabriel Tarde, purposes to show how the new architectural forms the poet encountered in Brussels enabled him to think about imitation in a more euphoric manner, thinking about the process not only as the angst filled mimetism of copy, but according to its own slow, subterranean and organic rhythm, where Baudelaire found echoes of his own aesthetic.