ROMANTISME N°194 (4/2021)
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C’est la dette de Saint-Pol-Roux à l’égard de George Sand que cette étude se propose d’examiner à travers L’Âme noire du prieur blanc, un « monodrame » peu connu que le poète-dramaturge « magnifique » fait paraître en 1893 et dans lequel s’exprime, sous les dehors d’une « naïve légende », l’hétérodoxie de ses vues religieuses. Si la pièce a parfois été rapprochée d’Axël de Villiers de l’Isle-Adam, c’est bien plutôt à un roman de George Sand, Spiridion, qu’elle est redevable d’un grand nombre de ses thèmes. Une telle intertextualité est révélatrice, chez ces deux auteurs que rien ne semble à première vue réunir, d’une commune adhésion au mysticisme socialiste de celui dont la romancière s’affirmait le disciple passionné, Pierre Leroux. Ce feuilletage d’influences confère à la pièce de Saint-Pol-Roux une profondeur demeurée inaperçue et signe la remarquable postérité du romantisme doctrinaire.
Saint-Pol-Roux’debt towards George Sand is the focus of this paper through an analysis of L’Âme noire du prieur blanc (The Black Soul of the White Prior), a little-known « monodrama », which the « magnificent » playwright-cum-poet published in 1893 and which expresses, under the guise of a « naïve legend », the heterodoxy of his religious views. If this play has at times been seen as close to Villiers de l’Isle-Adam’s Axël, it is to a novel by George Sand, Spiridion, that it actually owes a great number of its themes. This intertextuality between two authors one would not think at first to bring together reveals a common belief in the mystical socialism of Pierre Leroux, of whom George Sand said she was an enthusiastic disciple. These layers of influence give Saint-Pol-Roux’play a depth that had heretofore gone unnoticed and signals doctrinaire romanticism’s extraordinary posterity.