ROMANTISME N°195 (1/2022)
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En mai 1865, Charles Baudelaire écrit à son ami Édouard Manet : « Vous n’êtes que le premier dans la décrépitude de votre art ». On a lu cette phrase sibylline tantôt comme une raillerie, tantôt comme un encouragement. Cet article se propose de revenir sur l’idée de décrépitude, terme délicat dont l’interprétation a longtemps été source de controverses. On soutiendra que l’expression possède un sens qui lui est propre, et qu’il est permis d’établir ou de circonscrire le faisceau de ses significations en reprenant d’autres usages que Baudelaire en fit. Il s’agira avant tout de comprendre comment ce mot devient une catégorie qui s’intègre à un lexique que toute la critique d’art, mais aussi la poétique préalable de Baudelaire, ont préparé.
In May 1865, Charles Baudelaire wrote to his friend Édouard Manet: “You are at the zenith regarding only the decay of your art.” This sibylline statement has been read at times as mockery, at others as an encouragement. This paper will focus back on the idea of decay, a difficult term whose interpretation has long been a source of controversy. Our position is that the expression has a meaning proper to itself, whose scope can be determined through its other uses by Baudelaire. The purpose of the study is to understand how the word became a category within an aesthetic lexicon prepared both by the sum of art criticism and by Baudelaire’s own poetics.