ROMANTISME N°198 (4/2022)
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Parcimonieusement illustrés jusqu’au XIXe siècle, les livres de cuisine voient l’importance des images croître à partir des années romantiques jusqu’à leur devenir consubstantielles au siècle suivant. À côté de figures facilitant l’identification des ingrédients et des ustensiles, de schémas de découpe, de modèles de gestes, de plans de table et de diagrammes divers, on note l’apparition de natures mortes empruntant à une rhétorique visuelle propre à l’art classique. La persistance de ce stéréotype, ainsi que sa migration dans des ouvrages procéduraux, révèlent que les illustrations culinaires ne se réduisent pas à représenter et transmettre des manières de faire : elles contribuent aussi à susciter le désir autant qu’à définir ce qu’est la cuisine. Ces images participent, sinon à son artification, tout au moins à son identification comme pratique culturelle.
Until the 19th century, cookbooks were sparsely illustrated ; they witnessed an increasing importance in illustrations beginning at the Romantic period, to the point of becoming consubstantial with the genre in the following century. We highlight, next to drawings facilitating the identification of ingredients and utensils, cutting plans, models of gestures, table plans and sundry diagrams, the emergence of still lives, which depend on the visual rhetoric proper to classical art. The persistence of this stereotype and its migration into technical literature indicate that the function of culinary illustrations cannot be reduced to representing and transmitting what cooking is about and how to do it : they also contribute to arousing desire, as much as to defining cuisine. These images participate, if not in turning cooking into an art, at any rate into its identification as a cultural practice.