
Romantisme N°200 (2/2023)
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En plein âge positiviste, s’affirme, en marge de la nébuleuse des récits d’imagination scientifique, un sous-genre romanesque inédit, guère identifié comme tel jusqu’à présent, et que nous nous proposons d’appeler « le roman du savant ». Héritier du roman de formation, il en subvertit les codes pour mettre au jour un héros problématique, dont les tendances nostalgiques, sédentaires et asociales témoignent de la relative incapacité de la science à résoudre la double crise, romanesque et communautaire, du moment. Conçu comme un drame de l’intelligence, ce type de récit s’offre en outre comme une étude de la conscience épistémique, de ses failles et de ses zones d’ombre. Appartenant au canon classique, plutôt qu’à la littérature populaire, il se présente enfin comme un roman réflexif, au sein duquel les écrivains s’approprient tout en lemodifiant l’éthos des scientifiques de leur temps.
At the very heart of the positivist age emerges, alien to the nebulous cloud of stories finding their inspiration in science, an unprecedented fictional sub-genre hardly defined until the present day and which we suggest should be called the “novel of the savant or thinker”. An heir to the Romansbildung, it subverts its codes in order to bring forth a problematic hero whose nostalgic, sedentary and asocial tendencies are witness to the relative incapacity of science to solve the double crisis, fictional and communitarian, of the moment. Conceived of as a drama of intelligence, this type of story furthermore shows itself to be a kind of study of epistemic conscience, its failures and blind spots. Belonging to the classical canon rather than to popular literature, its ultimate characteristic is reflexivity, whereby its writers appropriate and at the same time modify the ethos of the scientists of their time.

