ROMANTISME N°202 (4/2023)
Pour acheter ce numéro, contactez-nous
Recevez les numéros de l'année en cours et accédez à l'intégralité des articles en ligne.
Si la critique de Salon discute de la visibilité du faire dans les oeuvres exposées, celui-ci fait l’objet d’une invisibilisation dans les images de l’atelier, les opérations concrètes s’effaçant au profit d’une mise en scène idéalisante de la création. À rebours de ce paradigme esthétique dominant, qui conduit à une coupure entre les pratiques matérielles de l’atelier et leurs représentations iconographiques ou littéraires, cet article propose de relire « L’Atelier », une nouvelle méconnue de Louis-Edmond Duranty, comme une expérience littéraire originale donnant à voir les dessous de la fabrique des oeuvres. Dans ce qui ressemble à une visite d’atelier imaginaire, l’écrivain critique d’art exhibe le scénario matériel de l’art, dévoilant l’outillage, décrivant minutieusement les manoeuvres de la main, vulgarisant les procédés techniques. Moins un lieu à caractériser qu’un processus à reconstituer, l’atelier de Duranty révèle au lecteur l’un des rares portraits de l’artiste au travail non façonné par les clichés de la virtuosité et de la facilité créatrice.
If the Salon art critic discusses the visibility of the "how it’s done" in the works exposed, the latter is the object of a process of invisibilisation in images of the studio, concrete operations being rubbed out in favour of idealising mises en scène of the work of creation. A contrario this dominant aesthetic paradigm, which leads to a rupture between the material practices in use in the studio and their iconographic or literary representations, this paper purports to read again "L’Atelier", a little-known short story by Louis-Edmond Duranty, as an original literary experiment exposing the underside of the making of works of art. In what seems to be an imaginary studio visit, the writer and art critic exposes the material scenario behind art, exhibiting its tools, describing the minutiae of the technical work of the hand, explaining to all different technical processes. Less a place to describe than a process to reconstitute, Duranty’s studio reveals to the reader one of the rare portraits of a working artist untouched by the clichés of virtuosity and creative ease.