
Carrefours de l'éducation n° 38 (2/2014)
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Question identitaire et curricula d’histoire et éducation civique depuis les années 1980 Nous ferons ici l’hypothèse d’une coexistence et d’une concurrence des deux finalités identitaires de l’enseignement de l’histoire depuis une trentaine d’années. D’un côté, l’histoire scolaire reste le vecteur d’une identité nationale relevant d’un récit commun et consensuel à partager ; de l’autre, elle fait l’objet d’une inflation de demandes de reconnaissance de la part d’identités plus singulières, soucieuses d’être circonscrites comme telles dans le récit scolaire du passé. La seconde finalité ne se substitue pas à la première, elles tiennent ensemble. Nous étudierons trois moments spécifiques où s’est négociée cette concurrence : la décennie des années 1980 au cours de laquelle la question migratoire se rend politiquement visible et oblige l’École et l’enseignement de l’histoire à se repositionner les années 1990 où fait religieux et laïcité deviennent une manière de reconnaître et d’aborder les identités multiples tandis que se développe le paradigme mémoriel, et enfin les années 2000 où les finalités s’émiettent mais tiennent encore ensemble le multiple, le commun, le singulier et le pluriel, non sans de véritables tensions politiques.
Identity Issues, and History and Civics Curricula Since the 1980s Our hypothesis is that of the coexistence and competition between the two main identity issues pursued through the teaching of history during the past thirty years. On one hand, history, as taught in the schools, stays the medium for transmitting a national identity linked to a common story consensually shared; on the other, it has become overwhelmed by requests for recognition on the part of an ever greater number of identities, all anxious to be part of the official discourse. The second purpose has not taken the place of the former: they exist together. We will focus on three key moments for the negotiation of this cohabitation: the 80s, when the issue of immigratio became politically visible and forced the schools and the teaching of history to reconsider their position; the 90s, when the confrontation of religion and the demand for laicity became a way for multiple identities to gain recognition while the notion of memory was gaining ground; and finally, the teens, when identities fragment but still serve to conjoin multiplicities, singularities, commonalities and pluralities, not without political tensions.